Une jeune fille de quinze ans, Anne Labrune, qui était allée voir ses parents au Petit-Toulondit, eut la surprise, en sortant de la maison, d’apercevoir, venant de Boubas, la masse sombre du ballon !
A l’intérieur de la nacelle, les trois hommes faisaient des signaux, en criant de saisir le guiderope, cette longue corde qui traînait par terre. Le ballon toucha le sol dans un pré très pentu et glissa sur la neige jusqu’à la Vienne gelée où il s’arrêta.
Ayant confié leur courrier à Mademoiselle de La Bachellerie de Fougeolles, directrice de la poste d’Eymoutiers, et après que les dépêches soient parties pour Limoges sous l’escorte du gendarme Léonard, les voyageurs poursuivirent leur route vers Bordeaux, dans la carriole de la maison Duris où avait été chargée la nacelle. Ils y arrivèrent le lendemain.
Voilà plus de 140 ans que cet épisode insolite est venu troubler la quiétude des Pelauds. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Peu de chose, sans doute a-t-il une petite place dans notre mémoire collective. Bien sûr, il ne subsiste rien de matériel, pas même la boussole de bord et les lambeaux d’étoffe laissés en souvenir par les aérostiers ! Qui connaît encore ce lieu, en face de Toulondit, comme le Pré du Ballon ? Et pourtant, voilà quelques temps, l’arrière arrière-petits-fils de M. Miège est venu de l’Allier, en pèlerinage à Eymoutiers, sur les traces de son aïeul qui avait fait là son seul et unique voyage aérien et vécu sûrement l’aventure de sa vie !
L’endroit où eut lieu l’atterrissage se trouvait sur le bord de la rive droite de la rivière, au lieu-dit «Toulondit», à environ 300 mètres des dernières maisons, au nord-ouest du bourg d’Eymoutiers, et que depuis on a appelé le Pré du Ballon.
La première parole des aéronautes fut : «hé, les amis, attention ! ni feu, ni cigarettes ! », ils ouvrirent la soupape et l’oxygène (le chroniqueur dixit) s’échappa. En fait les ballons étaient le plus souvent gonflés à l’hydrogène. Les cordes furent saisies par des vigoureux jeunes gens qui furent soulevés jusqu’à un mètre du sol ! Les voyageurs demandèrent alors de l’eau pour leurs pigeons, précieux compagnons qui pourront rapporter à Paris les nouvelles de leur province et du gouvernement replié à Bordeaux.
L’accueil réservé par les Pelauds à ces hôtes inhabituels fut des plus chaleureux comme l’atteste la dépêche envoyée au préfet par Monsieur Alexandre Raymond, adjoint au maire d’Eymoutiers :